Extraits du discours de Jacques Voisin, Président de la CFTC devant 6000 militants CFTC rassemblés le 1°mai 2008.
"(...)Nous sommes ici pour porter haut les couleurs de la CFTC, afin de promouvoir nos valeurs et défendre les droits des salariés, des demandeurs d’emploi, des retraités et de leurs familles…
La République, cette place où nous sommes rassemblés, est d’ailleurs au cœur de nos revendications actuelles. Car, de quoi s’agit-il aujourd’hui, sinon que de défendre la démocratie sociale et tout ce qui nous permets d’être fiers de rester des syndicalistes debout, maîtres de notre destin, défendant les salariés et fidèles à nos valeurs ?
(...)Par votre présence, Aujourd’hui, vous témoignez au meilleur niveau, de la mobilisation et de la représentativité de la CFTC.
Car la légitimité à porter les revendications du monde du travail: c’est vous !
Car la légitimité à négocier dans les entreprises, les branches et à l’échelon national: c’est vous ! (...)
Sur la représentativité syndicale
Selon (certains), au nom de la démocratie sociale, nous devrions nous éclipser au profit de syndicats dits plus influents, plus efficaces, plus actifs, mais qui n’ont d’influent, d’efficace et d’actif que le nom, et pour seuls résultats certains petits arrangements entre amis, présentés avec un certain talent aux médias affamés de déclarations volontaristes mais sans conséquences sur l’amélioration de la vie quotidienne de nos concitoyens.
Au nom de la démocratie sociale, devrions-nous nous fondre dans la masse informe du syndicalisme réformiste bien pensant et renoncer à nos convictions et à notre histoire ?
Si être réformistes c’est agir au nom du bien commun, placer le salarié du privé ou l’agent de l’Etat et leur famille au centre des avancées sociales, si l’objectif c’est d’améliorer sans cesse la qualité de vie au travail et dans la société. Alors, oui, nous sommes réformistes... Et notre réponse sera toujours la même : La CFTC signera !
En revanche, si être réformistes, c’est cautionner les régressions sociales et c’est accompagner des mesures économiques qui ne respectent pas la dignité de la personne, notre réponse sera toujours la même : La CFTC ne signera pas !
Soyons novateurs et préférons au terme galvaudé de syndicalisme réformiste, celui de syndicalisme de construction sociale.
Car que faisons-nous d’autre, que faites-vous d’autre, dans vos entreprises et vos administrations, en agissant inlassablement sur la société d’aujourd’hui, pour construire le monde de demain ?
C’est le sens de notre journée d’hier, sur le thème de l’innovation sociale et syndicale, riche des propositions des militants.
(...)
Sur la dégradation du pouvoir d’achat
Certains experts voudraient nous faire croire que le pouvoir d’achat ne baisse pas, voire qu’il augmente. (...)À toutes ces personnes, j’ai envie de leur poser deux ou trois questions simples: Vous arrive-t-il de faire vos courses ? Tenez-vous vos comptes au jour le jour ? Remplissez-vous de temps en temps votre réservoir d’essence ? Lisez-vous parfois la presse ? Ouvrez-vous votre fenêtre, ne constatez-vous pas que, depuis l’été, les prix des denrées alimentaires, du transport, de l’énergie, du logement ne cessent de grimper ?
Ne voyiez-vous pas qu’à l’étranger, plusieurs pays connaissent de graves émeutes de la faim, et que ce sera peut être demain la même chose, en France sous d’autres formes ? Ne pressentez vous pas, que nous sommes peut être et malheureusement à la veille d’une explosion sociale ?
Si le gouvernement, a accepté d’augmenter le Smic de 2,3 % à compter de ce 1er mai, soit deux mois avant la date habituelle, c’est bien que l’inflation redémarre Et si dans le même temps les salaires n’ont pas augmenté c’est que le pouvoir d’achat a bien diminué. Voilà la réalité !
Notre revendication ne peut donc pas se limiter à une simple augmentation du Smic qui n’est, en fait, qu’une course à la montre pour la survie. Nous défilons, ce matin, pour demander une véritable augmentation générale du pouvoir d’achat pour tous les salariés !
Les services de la Confédération ont travaillé à un chiffrage d’un juste salaire, d’un salaire qui permette au travailleur et à sa famille de vivre décemment, de vivre en étant de son temps, dans la France de ce début de XXIe siècle. Les premières estimations rendent caduques les chiffrages du Smic qui se croyaient audacieux et qui ne reposaient sur rien de réel.
D’ici une quinzaine de jours, nous rendrons public à la fois notre chiffrage et les pistes que nous avançons pour augmenter le pouvoir d’achat. Plusieurs leviers existent qu’il faut actionner en même temps ! L’augmentation du pouvoir d’achat passe d’abord par la politique salariale, et une plus juste répartition des gains de productivité ! Il faudra arbitrer pour que la partie grandissante qui va aux actionnaires au détriment des salaires et de l’investissement productif soit rééquilibrée. Le Président de la République vient de reprendre notre proposition des 1/3, elle ne doit pas rester en l’état de simple suggestion.
(...)
Il faudra aussi passer par une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité et la hausse de la TVA sur les produits de luxe, sur la TVA emploi, le chèque transport, etc… Voici quelques unes des propositions novatrices et courageuses que nous présenterons au Président de la République, dans une lettre ouverte, et à la presse le 15 mai prochain.
Oui, peut-être, des progrès ont été réalisés dans la lutte contre le chômage, mais nous en voyons ces derniers jours les limites (DMC, Dunlop, Peugeot, EADS… pour ne reprendre que l’actualité la plus récente). On constate parallèlement une augmentation du nombre d’emplois précaires, à temps partiel subi et sous-payés. Si nous sommes là ce matin, c’est aussi, pour réclamer la mise en place d’un juste salaire et la création d’emplois de qualité.
Je propose, donc, de construire un baromètre européen qui mesure la qualité de l’emploi à l’aide de plusieurs indicateurs parmi lesquels un juste salaire, mais aussi les qualifications, l’éducation et la formation tout au long de la vie, l’égalité entre les hommes et les femmes, la santé et la sécurité au travail, la conciliation entre vie professionnelle et vie privée, le dialogue social, la participation des travailleurs…
À l’heure où la France s’apprête à assurer la Présidence de l’Union européenne, nous demanderons officiellement au Président et au gouvernement de porter notre revendication. Il y va de la crédibilité de l’UE à se construire pour les citoyens et non pas contre eux. Ce serait aussi l’honneur de la France d’infléchir durablement la construction européenne au service du monde du travail.
Faire avancer l’Europe Sociale c’est maintenant !
Reconnaître que les hommes et les femmes d’Europe ont droit à la dignité, à la justice, à la santé, à un travail décent et à espérer à un avenir commun, c’est maintenant !
Sur les retraites
- Rien sur les petites pensions
- Rien de sérieux sur les financements
- Rien sur la reconnaissance de la pénibilité
- Rien qui ne rassure les jeunes et les salariés âgés
- Rien de précis sur le pouvoir d’achat…
Sauf les 41 ans avec l’assentiment de qui nous savons.
Nous nous retrouverons donc le 22 mai.
C’est encore celui des fonctions publiques avec ce projet de dialogue social qui conduirait ni plus ni moins à sa totale réorganisation avec le risque d’un affaiblissement du statut, le développement des mobilités et la représentativité.
Vous le savez , notre route va être escarpée ...
C’est pourquoi je vous demanderais simplement en nous quittant tout à l’heure de ne pas oublier l’essentiel !
Pour gagner, seules deux ou trois choses comptent :
La sincérité de notre parole et de nos actions,
La volonté de défendre nos valeurs et d’aller jusqu’au bout,
et enfin la force de rester solidaires au delà de nos différences