Extraits
Monsieur le Président,
(...) La France du travail a mal, Monsieur le Président. Elle souffre parce qu’on demande toujours plus à ceux qui gagnent de moins en moins!
Les salariés, les demandeurs d’emploi, les retraités et leur famille sont arrivés au point de rupture et sont à bout.
Comment leur donner tort, puisque les faits sont têtus et ne respectent ni les sondages ni les statistiques?
Le prix des biens et services de première nécessité (denrées alimentaires, énergie, transport, habillement, logement…) ne cessent d’augmenter depuis l’été dernier.
Il ne se passe pas une semaine sans que le système de protection sociale fondé sur la solidarité ne subisse une nouvelle amputation; la liste est longue: franchises médicales, déremboursement par la Sécurité sociale de certains médicaments ou de la lunetterie, sans parler de la remise en cause de la carte famille nombreuse.
La réforme des retraites qui fixe un allongement de la durée de cotisation à 41 annuités est mise en place, sans que la question des financements, de la pénibilité ou celle de l’emploi des seniors ne reçoive de réponse satisfaisante et pérenne.
(...) La CFTC a toujours demandé que les bénéfices soient répartis à part égale entre investissement, rémunération des salariés et des actionnaires, ce que vous avez personnellement proposé dernièrement et qui permettrait davantage de justice sociale.
La France à deux vitesses (...) est désormais une réalité.
Le fait d’avoir un travail ne suffit plus à assurer le minimum vital. Quels en seront les conséquences et le prix social à payer ?
Le Smic, que l’on accuse pourtant de tous les maux et que certains souhaitent voir supprimé, ne permet pas de vivre décemment. Il convient donc de faire en sorte que le Smic ne soit plus un simple salaire de survie, mais assure un juste revenu (...).
Pour la CFTC, le revenu décent en 2008, pour une famille composée de deux adultes et de deux enfants, habitant la banlieue d’une grande ville, devrait s’élever à 3 400 euros par mois, en intégrant les prestations sociales.
Pour la CFTC, la sortie de la pauvreté passe d’abord par une politique salariale cohérente qui contraigne les entreprises à assumer leur responsabilité sociale.
C’est pourquoi, je vous demande, Monsieur le Président, de tout mettre en œuvre pour traduire rapidement en acte votre exhortation du 8 janvier dernier demandant aux entreprises une plus juste répartition des gains de productivité en faveur des salaires et de l’investissement productif.
Pourquoi toute augmentation de salaire serait-elle néfaste à la bonne santé des entreprises et susceptible d’entraîner des délocalisations, tandis que lorsqu’il s’agit d’accroître les dividendes des actionnaires et les salaires des grands patrons, les entreprises trouvent toujours les moyens?